Du chemin de fer à Thiès, il ne reste que le glorieux fantôme du passé. Conscients du rôle économique, social et même culturel que jouait le rail, beaucoup de Thiessois plaident pour sa relance.
Thiès ne devrait plus garder le titre de « capitale du rail ». Le train n’y siffle que très rarement, aujourd’hui. Les passages des locomotives des Industries chimiques du Sénégal (Ics) et de la Grande côte opération (Gco) sont actuellement les seuls instants offerts aux anciens cheminots et à ceux encore en activité pour replonger dans le souvenir de la période faste du rail. Dans « la ville aux deux gares », l’activité ferroviaire est à l’agonie. Presque à terre. Et pourtant, elle était le poumon économique de cette ville.
C’est pourquoi la relance effective du chemin de fer est l’une des plus fortes attentes des Thiessois à l’occasion du Conseil des ministres décentralisé prévu à Thiès à partir de ce 8 février. Surtout dans ce contexte de recrudescence des accidents de la route qui repose le débat sur la capacité des véhicules de transport public de personnes à assurer en même temps le convoyage de marchandises. « J’ai l’impression que jusqu’à présent, les autorités ne comprennent pas l’importance du chemin de fer », estime Pape Massiré Kébé.
Même retraités, cet ancien cheminot et ses amis, tous d’ex-agents des Chemin de fer, érigent « Grand-Place » devant le « MR », locaux dédiés au matériel roulant à la gare centrale de Thiès. Appartenant à des camps politiques différents, ils y commentent l’actualité nationale et internationale. Mais ils ont des points de vue convergents sur un sujet : le chemin de fer et la nécessité de sa relance. Ils disent leur fierté d’être cheminots et leur volonté de le rester. « Quand on est cheminot un jour, on l’est pour toujours. C’est un état d’esprit. Et nous aurions souhaité que le train continue de rouler. Nous ne parlons pas pour nous, car nous appartenons au passé, nous plaidons pour vous les jeunes », dit le vieux Mamour Cissé, d’une voix empreinte de nostalgie.