Chargée de procéder à l’audit du ministère des Sports, la Cour des comptes n’a pas encore ouvert ses blocs-notes que des informations relatives à leur mission sont déjà dans la rue. Yankhoba Diatara dont la gestion est fouillée est présentement victime d’un lynchage médiatique sans précédent. Sa gestion est présentée comme un carnage financier :
2 milliards dépensés pour l’organisation de deux matchs amicaux (Sénégal vs Bolivie) / (Sénégal vs Iran)
200 millions pour la location de la voiture du ministre
60 millions F CFA pour meubler le bureau du ministre
11 milliards sur 14 milliards dépensés au mondial alors que le Sénégal a été éliminé en huitième de final, soit 2,5 milliards de F CFA par match.
Qui a fourni ces informations à la Presse ? A qui cela profite au moment où les magistrats et les vérificateurs de la Cour des comptes viennent juste de s’installer au ministère des Sports cumulativement géré par le Premier ministre Amadou Bâ?
Passé 8 mois à la tête du ministère des Sports, Yankhoba Diatara a remporté quatre trophées (CAN Beach Soccer 2022, CAN Sourds muets, CHAN 2023, Coupe Ufoa féminine). En termes de politique infrastructurelle, il a un bilan très positif. Il a lancé la réhabilitation de 26 stades départementaux dans le but de corriger les iniquités territoriales et contribuer à la densification du tissu infrastructurel sportif. Son dernier projet était de délocaliser le stade Me Babacar Sèye de Saint-Louispour un montant de 17 milliards de F CFA.
Discréditer Diatara, c’est chercher à atteindre Idrissa Seck
Corps de contrôle d’élite, la Cour des comptes fera convenablement son travail dans le cadre de sa mission au ministère des Sports. Toutefois, la tâche semble déjà être biaisée après une vaine tentative éminemment politique de discréditer Yankhoba Diatara aux yeux de l’opinion.
Quand on s’attaque à Diatara, c’est qu’on cherche, en vérité, à atteindre Idrissa Seck dont la candidature à la Présidentielle de 2024 fait peur au parti présidentiel au pouvoir qui porte la troisième candidature du Président de la République sortant.
Certainement, si Yankhoba Diatara, fidèle parmi les plus fidèles d’Idrissa Seck, avait choisi de trahir son mentor et de rester dans le gouvernement comme cela fut le cas avec les ministres Oumar Guèye et Pape Diouf, il serait, peut-être, exempt de toute épreuve de reddition des comptes. Peut-être même que le Président de la République allait mettre son dossier sous le coude. Quand bien même, c’est une bonne chose que nos gouvernants rendent compte de la gestion des deniers publics sans toutefois que cela ne soit des commandes de politique politicienne pour briser la carrière d’adversaires politiques encombrants.
Petit génie qui a vite fait de boucler son cursus universitaire auréolé par un diplôme d’études approfondies (DEA) en Droit Privé Général et d’un MBA pour cadres à l’ESG de l’UQAM à Montréal/Canada, Yankhoba Diatara est un modèle de loyauté achevé qui a fait ses armes sous l’ombre du président Idrissa Seck.
Né le 4 novembre 1974 à Thiès, il a fait ses études primaires et secondaires à Thiès où il décroche le Bac en 1995. A l’école, il était toujours désigné à l’unanimité responsable de classe par ses camarades. Il s’active dans les foyers socio-éducatifs et les clubs. Il fait ses premières armes et se bâtit très vite une carapace solide de leader à travers les mouvements associatifs. Le jeune Thiessois a toujours voulu porter l’humanité et les doléances de ses semblables sur ses frêles épaules, aider et secourir le genre humain car il a horreur de l’injustice.
Juriste formé à bonne école, Diatara peut se défendre tout seul face à ses détracteurs. Il a été élevé par un père rigoureux et une mère poule qui voulaient donner une éducation exemplaire à leurs enfants dans une société en perte de valeurs.
Une relation paternaliste entre Idy et Diatara
Après l’école coranique, Diatara se rendait aux champs pour aider son père jusqu’à l’âge de 23 ans. Il ne sera affranchi qu’après l’obtention du Bac. Il rejoint l’université de Dakar. Le syndicalisme dans le sang, il y crée avec un groupe d’amis la Coordination des étudiants Thiessois(CET). Avec leurs cahiers de doléances, ces étudiants vont à la rencontre des leaders Thiessois résidents à Dakar. La rencontre avec Idrissa Seck, ministre du Commerce en 96, fut très concluante. Loin de lui l’idée de les enrôler, Seck leur conseilla de se concentrer plus sur leurs études que sur la politique. Il les encouragea à bien travailler. Les conseils de l’ancien maire de Thiès revigoraient Diatara qui passait, dès le mois de juillet, ses examens.Il ne s’est donc jamais trompé d’objectif. Il était à l’université pour étudier d’abord avant de se consacrer à des activités syndicales. Cette claire voyance d’esprit lui a valu l’estime de Idrissa.A l’époque, Diatara a su résister à la tentation face à la politique socialiste qui voulait casser les jeunes libéraux. Incorruptible, il n’a une seule fois accepté les bourses d’études étrangères. Quand l’alternance survint en 2000, Idrissa Seck, directeur de cabinet du Président Wade, a pensé à son jeune protégé pour le porter à la tête de l’Union des jeunesses travaillistes et libérales (UJTL) de Thiès. Il va remplacerle député Abdoulaye Dramé atteint par la limite d’âge.Diatara sera ensuite porté à la tête de la pépinière des cadres libéraux (PCL).
L’IGE pour fouiller la gestion d’Idrissa Seck
Le contrat de confiance entre Idrissa Seck et Yankhoba est motivé parla confiance et le respect mutuel. Quand il y a eu la brouille entre Wade et Idy, Diatara qui avait demandé à la jeunesse de sa ville de se dresser contre le régime libéral, sera emprisonné puis gracié par le Président de la République avant même de passer la moitié de son séjour carcéral de six mois. La prison a été pour lui une expérience vécue avec beaucoup de dignité. Reconnaissant à son tour, Idrissa Seck lui a honorablement retourné l’ascenseur.Diatara a été successivement secrétaire permanent à la mairie de ville, adjoint au maire, 1ervice-président du Conseil départemental de Thiès et ministre de la République. A la mairie de la ville de Thiès et au Conseil départemental, Yankhoba Diatara a été audité par l’Inspection générale d’Etat (IGE). L’ancien ministre des Sports est donc habitué à recevoir des missions d’inspection des corps de contrôle.
Récemment nommé directeur de cabinet politique du candidat Idrissa Seck, Yankhoba Diatara travaille sur des stratégies de conquête du pouvoir pour porter son mentor à la présidence de la République en 2024. Un Rapport d’audit ne va pas certainement ralentir sa marche sur le palais de la République.
Dans la même dynamique,il faut s’attendre de voir une mission de l’inspection générale d’Etat (IGE) débarquer au Conseil économique social et environnemental (CESE) pour fouiller la gestion du président Idrissa Seck qui a démissionné de cette précieuse institution pour se consacrer à sa candidature à la Présidentielle de 2024.
OUSSEYNOU MASSERIGNE GUEYE
EXPERT EN COMMUNICATION ET RELATIONS PUBLIQUES