Pape Sadio Thiam jette un regard critique sur la démocratie Sénégalaise

«Le problème fondamental de notre démocratie ce n’est pas seulement transhumance politique consistant à quitter son parti au profit du parti au pouvoir, c’est aussi et surtout la facilité déconcertante avec laquelle on claque la porte de son parti pour aller créer le sien sans aucune vision.


C’est évident que dans ces conditions on créera un parti autour de sa personne, pour son destin propre et non pour changer un pays.


Le plus énervant, c’est que tous ceux qui se séparent de leur parti d’origine organisent le leur en clonant strictement celui qu’ils ont quitté pour une prétendue absence de démocratie.

Quand les responsables politiques sénégalais dénoncent un déficit de démocratie dans leur parti, c’est qu’ils sont en mauvaise posture. Tant qu’ils sont en odeur de sainteté avec le chef du parti, ses pires forfaits leur paressent normaux et légitimes.


La proximité avec le chef est très souvent la raison de l’ascension politique dans le parti ou dans l’État. Dans le parti, les responsables sont sollicités pour régler des problèmes privés et non pour débattre de questions purement politiques.


La plupart des leaders dans les partis ont bâti leur base politique, l’essentiel de leur légitimité, après avoir été parachuté dans leur localité ou grâce aux responsabilités qu’on leur confiées dans la gestion de l’État.


Dans les grandes démocraties, on fait ses preuves dans les structures du parti pour mériter d’être investi par ses propres camarades de parti.


Au Sénégal par contre, le chef de parti est comme le soleil, et les autres responsables comme les satellites qu’il illumine de ses rayons.


Il suffit de prendre les Statuts et règlements intérieurs des quatre grands partis politiques du Sénégal pour comprendre pourquoi ils n’offrent pas beaucoup d’espace de liberté. Les gens ne s’interrogent sur les mécanismes de dévolution du pouvoir dans les partis que lorsqu’ils n’en sont plus bénéficiaires.


Ils ne remettent en cause la posture non démocratique du leader que lorsque ses décisions ne leur sont pas favorables. Cette façon de désigner des adversaires ou de se victimiser pour se construire un destin politique n’est cependant pas propre au Sénégal.


Les partis d’extrême droite n’ont bâti leur succès en Europe qu’en dressant les classes défavorisées contre les politiques d’ouverture des régimes et partis traditionnels.


C’est d’ailleurs ce qui explique qu’à la moindre divergence, on arpente allègrement, et sans retenue, les chemins du déballage sur la vie privée de ses adversaires.
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