Amadou BA invite l’UEMOA à contribuer au financement de la lutte contre le changement climatique

 

 

 

CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LE ROLE DES BANQUES CENTRALES FACE AUX DEFIS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Dakar, le 6 février 2024

In extenso, l’intervention du Premier Ministre du Sénégal 

– Messieurs les Ministres,
– Messieurs les Présidents des organes et Institutions de l’UEMOA,
– Mesdames et Messieurs les Gouverneurs de Banques centrales,
– Mesdames et Messieurs les Responsables des Institutions internationales,
– Mesdames et Messieurs les Présidents des Associations professionnelles des Institutions financières de l’Union,
– Mesdames et Messieurs les Directeurs Généraux des compagnies financières de l’Union,
– Mesdames et Messieurs les Représentants du monde académique et de la recherche,
– Honorables invités,
– Mesdames et Messieurs,
C’est avec un grand plaisir que je souhaite, au nom du Président de la République du Sénégal, son Excellence Monsieur Macky SALL, la bienvenue au pays de la Téranga, à toutes les délégations étrangères qui ont bien voulu faire le déplacement.

Son Excellence Monsieur Macky SALL avait bien voulu être avec vous, aujourd’hui, à cette importante Conférence. Il m’a donc chargé de vous délivrer son message.

Je voudrais féliciter le Gouverneur de la BCEAO, Monsieur Jean-Claude Kassi BROU, pour avoir pris l’initiative d’organiser cette rencontre de haut niveau, à Dakar, sur « le rôle des banques centrales face aux défis du changement climatique ».

Mesdames et messieurs,

Le changement climatique présente des enjeux très importants au plan international, et singulièrement pour les Etats membres de l’UEMOA.

Au niveau international, il constitue, à l’heure actuelle, l’une des préoccupations majeures des décideurs, en raison de ses effets induits sur tous les pans de la société. Il fait l’objet de concertations régulières entre tous les acteurs concernés, en vue de trouver des solutions appropriées.

A la dernière grande rencontre de la COP 28 de Dubaï, à laquelle le Président de la République Son Excellence Monsieur Macky SALL avait pris part en décembre 2023, les scientifiques ont relevé que l’Afrique contribue pour moins de 5% aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pourtant, le continent africain serait le plus affecté par les conséquences néfastes du changement climatique, en particulier à travers les impacts de la matérialisation des risques physiques liés aux inondations, à la sécheresse et à l’augmentation des vagues de chaleur.

A l’instar des autres pays africains, les Etats membres de l’UEMOA ne sont pas à l’abri de ces effets. En effet, l’agriculture, qui emploie plus de 43% de la main-d’œuvre et contribue à 26% du PIB, demeure un secteur particulièrement exposé. Ainsi, selon une étude de la Banque Mondiale, l’UEMOA subirait en moyenne un milliard de dollars de pertes par an sur la production de ses cultures vivrières les plus importantes dues aux sécheresses. Les industries et services sont également exposés à des pertes notables en zones urbaines inondables.

Permettez-moi de souligner quelques actions menées par le Sénégal dans le cadre de la lutte contre le changement climatique.

Au Sénégal, la Contribution déterminée au niveau national, établie conformément aux accords de Paris, traduit notre engagement soutenu à inscrire le pays dans une trajectoire de croissance verte en assurant la résilience de l’économie, des communautés, des infrastructures et des villes. Il s’agit d’un plan d’actions climatique fort qui s’inscrit dans le cadre de la vision prospective du Plan Sénégal Emergent.

A ce jour, diverses réalisations sont à l’actif de ce plan d’actions, parmi lesquelles je citerai en particulier deux projets, sobres en carbone et résilients au changement climatique, la ligne de Train Express Régional et le système urbain de Bus Rapid Transit, totalement électrique.

Dans le même esprit, notre pays a signé en juin 2023, un Partenariat pour une Transition Energétique Juste (JETP), dont l’ambition est de porter la part des énergies renouvelables dans notre mix énergétique de 31% à 40% d’ici 2030. Le Sénégal s’est également engagé, à travers un reboisement massif, dans le cadre de la mise en œuvre de la Grande Muraille verte de la bande sahélo saharienne.

Par ailleurs, dans le cadre du Partenariat JETP, le Sénégal étudie avec le FMI, les pays partenaires et le Centre mondial pour l’adaptation, la possibilité de réorienter des ressources prévues pour le remboursement de la dette vers le financement de l’action climatique.

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais rappeler l’importance de mener des actions urgentes et coordonnées sur la question du changement climatique. En effet, les dommages causés par le changement climatique ont des répercussions économiques substantielles, en particulier pour les pays les plus vulnérables en Afrique. Les coûts pour atténuer les effets négatifs du changement climatique sont considérables.

C’est pourquoi, la communauté internationale s’est mobilisée pour évaluer et déterminer les financements nécessaires aux actions à entreprendre.

Selon la Banque Africaine de Développement, les besoins de la mise en œuvre du programme d’action sur le climat en Afrique ont été évalués entre 1 300 et 1 600 milliards de dollars sur la période 2020-2030. Les partenaires financiers de l’Afrique ont ainsi pris des engagements financiers à hauteur de 100 milliards par an pour accompagner le processus de transition.

Toutefois, force est de constater que les engagements pris par la plupart des partenaires extérieurs ne se sont pas concrétisés.

Ces ressources sont pourtant nécessaires pour financer les actions à entreprendre dans le cadre du changement climatique. Car les Etats africains, à l’instar de leurs pairs à l’échelle mondiale, ont pris plusieurs engagements consignés dans leurs plans d’action visant à réduire les émissions et à s’adapter aux effets des changements climatiques.

Le processus en cours de mise en œuvre de ces engagements doit aussi prendre en compte les disparités entre les nations notamment en termes de responsabilité dans les émissions de gaz à effet de serre. En effet, nous devons veiller à concilier les impératifs liés aux objectifs de neutralité carbone avec le droit au développement économique des pays africains.

Cette Conférence doit nous permettre de partager les expériences pour rechercher des solutions innovantes en matière de réduction des émissions et de transition énergétique juste et équitable.

Mesdames et Messieurs, chers participants,

Je suis ravi de constater que les banques centrales africaines, à l’instar de leurs consœurs des autres régions du monde, ont pris la mesure du rôle important qu’elles sont appelées à jouer, au regard de leurs missions fondamentales, pour impulser des actions qui permettront aux secteurs financiers nationaux et régionaux de contribuer davantage aux politiques publiques déployées par les Etats dans la mise en œuvre de leurs engagements internationaux sur le climat.

Le secteur financier de l’UMOA en particulier doit, en effet, jouer un rôle notable dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. C’est pourquoi, j’attends des institutions financières de l’Union des actions concrètes à identifier lors de vos réflexions pour favoriser les investissements dans les projets respectueux de l’environnement, tels que les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique qui contribuent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

En outre, les résultats de vos travaux devraient permettre au secteur financier de mieux contribuer au financement d’initiatives d’adaptation, en vue de financer les agents économiques et les infrastructures confrontées aux impacts du changement climatique.

Par ailleurs, vos travaux devraient examiner les pistes à explorer pour permettre aux institutions financières d’observer les bonnes pratiques en matière de gestion des risques climatiques et d’accroître leur transparence sur les risques climatiques auxquels ils sont exposés.

Mesdames et Messieurs,

Ces objectifs ne peuvent être atteints sans un engagement fort des banques centrales à intégrer les considérations climatiques dans la mise en œuvre de leurs missions. Les banques centrales ont le pouvoir d’influencer positivement les actions nécessaires pour « bâtir un système financier résilient et durable », en leur qualité d’institut d’émission, de régulateur et d’autorité de supervision.
Au regard de la qualité des participants, je n’ai aucun doute que les conclusions de vos travaux contribueront à apporter des réponses pertinentes aux défis que pose le changement climatique à nos pays qui restent résolument engagés dans leurs efforts pour le développement.

C’est sur ces mots que je déclare ouverte la Conférence internationale sur « le rôle des banques centrales face aux défis du changement climatique ».

Je vous remercie de votre aimable attention.

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