Contexte pré-électorale au Sénégal: Les acteurs alertent sur la politisation du système éducatif

Des acteurs scolaires ont fait mardi le constat d’une « interaction indéniable » entre la politique et le syndicalisme dans le domaine de l’éducation, une situation qui laisse planer, disent-ils, des menaces sur la stabilité scolaire dans un contexte pré-électoral.

 

Pour discuter de cette question, la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) a initié un panel sur le thème « Dialogue stratégique sur les rapports entre politique et syndicats, élections, politique et éducation ».

 

Cette rencontre à laquelle étaient conviés différents acteurs de l’école est organisée en perspective de la reprise des cours après les vacances de fin de semestre.

 

« Demain (mercredi) sera la reprise. Nous avons écouté les acteurs et nous nous sommes rendu compte qu’il y a des menaces qui planent sur la stabilité de l’école », a avancé le directeur exécutif de la Cosydep, Cheikh Mbow.

 

Les acteurs de la société civile « doivent continuer à être vigilants, prospectifs pour pouvoir alerter dans le sens de dire qu’il serait essentiel que l’on puisse bien traverser ce trimestre qui nous sépare des examens de fin d’année scolaire », a-t-il dit, en insistant sur les rapports à établir « entre la vie politique et la stabilité scolaire ».

 

« L’éducation doit aider à construire la paix, et de cette rencontre nous invitons les acteurs à prendre conscience qu’il y a une relation directe qui existe entre la stabilité de l’espace politique et celle de l’espace scolaire », a noté le modérateur du panel, l’ancien ministre de l’Education, Kalidou Diallo.

 

« Une politisation du système éducatif ne peut pas être acceptable, c’est-à-dire la politique politicienne dans le système scolaire », a-t-il dit, ajoutant que « les textes l’interdisent d’ailleurs ».

 

Des intervenants ont fait valoir que l’engagement politique de certains acteurs de l’éducation peut conduire parfois à des situations particulières, favorables ou défavorables à l’accomplissement des missions que l’institution scolaire attend d’eux.

 

Mamadou Diop Castro a retracé l’histoire syndicale dans le domaine de l’éducation, en faisant le constat que les élèves sont devenus à la fois des cibles et des acteurs politiques, une bonne majorité d’entre eux étant des primo votants.

 

« Ceux qui étaient en avant des combats étaient en majorité des enseignants. On se rappelle aussi des partis de gauche pour dire que les enseignants sont destinés à être très politiques dans le sens d’éclairer les communautés », a ajouté l’ancien secrétaire général de l’Union démocratique des enseignants du Sénégal (UDEN).

 

Il estime que les apprenants doivent être « protégés et préservés des remous politiques qui ne doivent pas interférer dans l’espace scolaire ».

 

D’autres intervenants représentant notamment les parents d’élèves ont insisté sur la nécessité de « déconnecter l’école de la sphère politique pour que le droit à l’éducation soit respecté et préservé quel que soit le contexte politique ».

 

Le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS), Amidou Diédhiou, juge lui essentiel que l’école « puisse faire entendre sa voix, parce que c’est des millions d’apprenants et d’enseignants qui font partie de la société et ont voix au chapitre ».

 

« On ne peut pas dissocier la politique du syndicalisme, pour l’intérêt du système éducatif », ce qui doit être rejeté, « c’est l’instrumentalisation de l’école au profit de la politique politicienne », a-t-il poursuivi.

 

Selon les organisateurs, ce panel visait à examiner « de façon critique les rapports entre la politique, l’éducation et les élections sur une échelle temporelle précise, afin d’en tirer les meilleurs enseignements pour l’exercice efficace des missions de l’institution scolaire et universitaire ».

 

Ouragan/ Aps

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